la marge.

La marge, c'est autant un lieu d'observation, d'annotation et de commentaires qu'un endroit qui nous sépare du monde, tout en nous y incluant. Bref ma safe-place.

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Par Laurie Planes
13 mai · 6 mn à lire
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Quitter le « job de ses rêves » pour retrouver le panache, ailleurs.

Cette marge #17 a des allures de révélations qui ont mis plusieurs mois et semaines à s’imposer dans mes pensées et pourtant, une fois confortablement installées, elles m’ont semblé avoir toujours été là.

Septembre 2023. Je me croyais prétentieusement exempt du phénomène et pourtant il a fini par me faucher brutalement. Le mal du siècle, la pandémie psychologique de la génération Y, le virus qui met des mois et des mois à bousiller votre organisme. En voici la liste (non-exhaustive) des symptômes annonciateurs : une flemme absolue de sortir de votre lit le matin, un appétit déréglé, une fatigue constante malgré un moteur en surchauffe, quelques pleurs au son de votre boite e-mail, une colère sourde du matin au soir et l’envie de distribuer des claques comme des flyers à la sortie du métro. Vous l’avez ? Le seul, l’unique… burn-out. 

Jour 1, toucher le fond. 

Je ne vais pas vous dire que je ne l’ai pas vu venir. J’aurais simplement préféré qu’il m’épargne, par manque de temps (oui, on en était là) et par égo. Mais la vie en a voulu autrement et voici comment je me suis retrouvée, inactive et sacrément balafrée au milieu de mon salon pendant un peu plus de trois mois. 

Si vous vous attendez à des potins sur ce qui a provoqué ce fâcheux évènement, vous n’en aurez pas. Évidemment qu’il y avait une part de responsabilité de mon environnement professionnel, évidemment que si tout s’était passé comme prévu, je ne serais pas « tombée ». Et encore, je ne peux pas vous le certifier car, que vous le vouliez ou non, on a tous un rôle à jouer dans ce qui nous arrive. Cette période me paraît lointaine désormais mais je me souviens pourtant avoir voulu trouver des réponses cartésiennes sur Google à ce moment-là. Était-ce vraiment un burn-out ? Quels sont les symptômes ? Que sommes nous censés ressentir ? Combien de temps dure-t-il ? Y’a-t-il des étapes pour se repérer sur le chemin de la guérison ? Je ne le savais pas encore, mais je cherchais le mode d’emploi de quelque chose qui ne se soigne qu’à condition de l’accepter pleinement. Coincée dans un « entre-deux états », je ne réalisais pas l’état de ma conscience et de mon cerveau. Comme une machine programmée à travailler sur toujours plus de volume, avec toujours plus de résultats, la vie n’avait plus aucun sens, le temps s’était arrêté. Et quand j’écris ces quelques mots aujourd’hui, j’ai franchement honte. Car le temps ne s’arrête jamais. Et la seule chose qu’il reste à faire lorsqu’on se trouve dans la situation dans laquelle j’étais durant cet été indien, c’est tout simplement réapprendre à vivre. J’ai du accepter que la planète continuait de tourner derrière l’écran de mon ordinateur ou celui de mon téléphone. Cette réflexion me paraît totalement folle : comment pouvons-nous oublier ça ? Alors oui, j’ai passé un certain nombre d’heures, inerte sur mon canapé, à dévorer l’intégrale de Gilmore Girls (que je découvrais pour la première fois), à m’endormir de façon impromptue tant mon cerveau était bien plus épuisé que ce que je pensais, à retaper des meubles non pas sans catastrophe, à finir d’aménager mon appartement qui attendait depuis trois mois, à beaucoup marcher dans Paris à observer ceux qui continuaient de courir, à hurler 1989 (Taylor’s version) en faisant mon ménage trois fois par semaine, à prendre le temps d’écrire consciencieusement cette newsletter et à beaucoup, beaucoup réfléchir. 

Quand les premières bourrasques de mon mal-être se sont essoufflées, les nuages ont commencé à devenir éparses et les premiers rayons de soleil ont fait leur apparition.

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