"Dis moi pour qui tu votes, je te dirais qui tu es, et d'où tu viens."

Je ne pensais pas un jour aborder ce type de sujet à l’écrit. La vérité, c’est que je ne suis pas particulièrement à l’aise avec la politique. Mais le fait est que j’y pense en continu depuis le dimanche 9 juin. Les gars, je crois que la France est cassée.

la marge.
9 min ⋅ 23/06/2024

J’ai longtemps réfléchi à la manière dont j’allais utiliser ma plume dans ce cas précis. Ça me coûte mais il me paraissait absolument impossible de vous parler d’amour ou de spiritualité légère, au vu du contexte socio-politique actuel. En premier lieu, sachez que je ne me positionnerai pas en donneuse de leçons (même si j’adore ça) et que je ne retranscrirai pas les faits de programme en tentant de vous convaincre de ce qui est mal, ou de ce qui est bien. Ou plutôt, de ce qui est meilleur, ou de ce qui est pire. Certaines personnes bien plus calées sur la question le feront mieux que moi et je vous invite cependant à vous documenter. 

Mais si vous êtes assez fin pour lire entre les lignes - et pour aller jusqu’au bout de cette marge #21, son message vous paraitra pourtant bien clair. Émotionnellement impactée par les nouvelles de ces dernières semaines, j’ai beaucoup repensé à ces moments de vie cruciaux qui ont contribué à construire et confirmé mes convictions politiques. Et je me suis demandé, dans la mesure où aucun parti n’est parfait ou idéaliste, quelles valeurs en nous stimulent nos choix et notre soutien à l’un d’eux ? Ouais, une sorte de « dis moi pour qui tu votes et je te dirai qui tu es ». Eh bien moi, je vais vous dire qui je suis, parce que c’est le seul pouvoir que personne ici (et ailleurs) ne pourra révoquer. Quelle thug.  

Naissance d’une opinion 

Un samedi après-midi d’avril 2002. La télé est allumée. Mes parents regardent en souriant Les Guignols de l’Info sur Canal Plus. Quant à moi, je suis assise par terre, sur ce carrelage couleur vomi de ma maison d’enfance, entourée de tous les prospectus papiers des candidats de l’élection présidentielle qui a lieu dans quelques jours. Je me revois observer les têtes de gens dont je ne retiens pas les noms. Le seul que je reconnais, c’est Jacques Chirac car à dix ans on connait à minima la tête de son président. Enfin, c’était le cas en 2002. 

Quelques jours plus tôt, j’avais demandé à ma belle-mère « quelle était la différence entre la Droite et la Gauche ? ». Oui, il y a des enfants qui demandent pourquoi le ciel est bleu, moi j’avais déjà envie de me prendre la tête visiblement. Soucieuse de ne pas m’influencer dès le plus jeune âge, elle m’avait tendu l’enveloppe rose saumon contenant tous les programmes de campagne, en m’invitant à les lire. La seule aide qu’elle m’avait apportée, c’était de les classer en plusieurs piles. D’un extrême à l’autre, comme pour me faire comprendre quelles étaient les grandes « familles » d’idées. L’exercice n’était pas facile. Déjà à l’époque les axes et propositions semblaient être transcrits dans un jargon flou que certains adultes eux-mêmes ne comprenaient pas. Mais on m’enseigne alors que plus encore que les faciès soumis à certaines popularités de par le discours établi, les grands principes et valeurs perdurent à travers les décennies. Et que ce sont ces valeurs, plutôt que leurs représentants, qui doivent nous guider dans le choix d’un camp. 

Ou, de la façon la plus simpliste possible : si vous faites partie des enfants de la cour de récré dont la maman a pensé à préparer un petit goûter, pourriez-vous le partager avec celui qui n’en a pas et qui a faim, ou estimerez-vous que c’était à sa mère d’être aussi prévenante que la vôtre ? Je vous laisse deviner quelle décision correspond à quel parti. Il n’y a pas de bonne réponse, seulement une manière de voir les choses. 

Parallèlement à cet apprentissage maison, j’apprenais l’ECM à l’école. ECM. Éducation Civique et Morale. C’est durant ces quelques heures de cours que nous étudions l’origine de la République Française, l’avènement des Droits de l’Homme et du pays qui les a vus naître. 

« Article 1 : Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. »

Un droit fondamental, présenté (à l’époque) comme le plus important de tous, d’où sa première position. Aujourd’hui, j’écris ces quelques lignes et j’enchaine les rictus ironiques. On dirait presque que j’ai des TOC. 

Toujours en avril 2002, mes parents décident qu’il est temps que j’aille voir un psychologue et m’embarquent dans un petit cabinet du centre ville, où je me retrouve bloquée pendant une bonne heure en face d’un homme aux joues tombantes, aux lunettes de bibliothécaire et à la voix monotone. Je n’ai pas envie de lui parler et de lui dire ce qui me fait peur ou ce qui justifie mon comportement par moments. Je ne sais d’ailleurs même pas ce que je fais ici. Me reviennent en tête, ces dizaines de prospectus politiques et je décide alors de m’en faire une carapace temporaire. « Et vous Monsieur, vous votez à Gauche ou à Droite ? ». Mon bouclier psychologique n’était autre qu’un bordel plus grand que celui présent dans ma tête (et j’y reviendrai plus bas dans cette newsletter). 

Pourtant à l’époque, les idéologies semblent moins troubles. Le Premier Ministre est un monsieur de (vraie) Gauche, le Président, un monsieur de (vraie) Droite. Arlette Laguiller et Jean-Marie Le Pen sont considérés comme les éléments perturbateurs de la promotion. Noël Mamère quant à lui, est le petit comique qui pense aux problèmes de pets de vache mais qui n’intéresse personne. La planète aller mal un jour ? Mais non voyons, impossible. 

6 mai 2002. Lendemain de second tour. Tonton Chirac reste en place après une grosse frayeur. À l’école, la maitresse nous demande d’apporter une illustration, celle que l’on veut, de ce moment historique de la V République. Je revois nettement la Une de L’Indépendant. Deux têtes en gros plans, et des chiffres encore plus gros sous chacune d’elle. 82,21%. 17,79%. Découpée consciencieusement, cette page du journal local occupe désormais celle de mon cahier d’actualités. Elle nous explique ensuite en quoi cette situation est grave et quels en seront les tenants et les aboutissants pour notre république. À ce moment-là, il est alors évident, pour chacun des élèves de la classe, d’entres quelles mains le pays doit se retrouver. En plus, Jean-Marie Le Pen a vraiment une tête de méchant Disney, c’est écrit sur son visage qu’il va nous faire du mal. Et ça, son parti, qu’on nomme encore le Front National à ce moment-là, le sait pertinemment. C’est ce qu’on appelle avoir la gueule de l’emploi et c’est peut-être la seule chose que l’on comprend réellement du haut de nos dix ans, tandis que nous n’avons pas encore appris la définition du terme « fascisme » que nous découvrirons au collège avec le chapitre sur la Seconde Guerre Mondiale. 

La Laurie de dix ans dessine vaguement les idées en lesquelles elle va croire, mais identifie pourtant avec précision ce qui va totalement à leur encontre. 

Catalane, ou arrière-petite fille d’immigrés… au choix. 

6 juin 2009. L’USAP remporte le Brennus et le Top 14. Nous sommes champions de France. Cela n’était pas arrivé depuis près de cinquante ans. Furia dans les rues de Perpignan : la ville est inondée de sang et or et nous hurlons « L’Estaca » de Lluis Llach à pleins poumons. J’affirme à qui veut que je suis catalane avant d’être française, même si j’ai du aller voir sur Internet la traduction de l’hymne catalan que mon grand-père connaissait par coeur. 

Cette identité culturelle, j’en suis très fière : la force de caractère, le feu dans les yeux, la bonne nourriture et le passé qui nous a façonné sans que nous, jeunes générations, ne nous en rendions compte. « Perpignan la Catalane, Perpignan la Rayonnante ». Voici ce que l’on peut lire sur les panneaux de l’entrée de la ville qui s’annonce pourtant comme l’un des berceaux du RN en ayant été la première commune de plus de 100 000 habitants à élire un maire du parti. Et après, on ose me demander pourquoi je ne m’y sens plus chez moi. 

Un jour d’été en 2019. En vacances dans le Sud, je décide d’aller déjeuner avec ma grand-mère paternelle. Il lui arrive de plus en plus souvent de me parler du passé et même si je connais les grandes lignes de l’histoire familiale, j’en découvre toujours un peu plus, à travers ses récits. Elle m’avait pourtant souvent raconté la manière dont sa mère, son père et son frère avaient fui l’Espagne après la chute de Barcelone aux mains du Général Franco, en 1939. Pourtant ce jour-là, elle ajoute des détails qui m’étaient jusqu’à présent inconnus.

« Tu sais ma chérie, ce n’est pas raconté dans les livres de l’histoire de France mais la retirada (l’exode migratoire et massif d’environ 500 000 espagnols vers la France - l’un des plus grands de l’histoire), c’était un moment très sombre. Maman, Papa et Jean ont réussi à passer la frontière mais ils ont été enfermés longtemps, et séparés, dans les camps de concentration (oui, vous avez bien lu), sur les plages du littoral, avant de pouvoir se retrouver et recommencer à vivre dans les Pyrénées Orientales. »

C’est la toute première fois que j’entends parler de camps de concentration, au delà de ceux mis en place lors de la Seconde Guerre Mondiale. Et je suis intriguée. J’ai 27 ans, mes quatre grands-parents sont espagnols. Deux “d’origine espagnole”, deux vraiment espagnols. Mon grand-père maternel n’a d’ailleurs jamais eu un français parfait, je n’aligne pas trois phrases correctes dans sa langue au grand désespoir de ma mère et je ne sais pourtant pas ce qui s’est réellement passé pour que le département, qui s’identifie largement comme la Catalogne du Nord soit une telle extension de l’Espagne. Enfin si, je le sais. La ville a toujours flirté entre les deux pays, depuis sa création de par sa géolocalisation frontalière. Actée comme française depuis le XVIIème siècle, elle a pourtant entretenu un patrimoine culturel mixte. Mais il est impossible de nier que la retirada a fortement contribué à faire vivre et garder actuelle l’influence espagnole et catalane sur son territoire. 

Soucieuse d’en savoir plus sans pour autant remuer les tripes de Mamie qui tremblote un peu tout de même, je décide de poursuivre les recherches sur cet épisode dans mon coin. Et ce que j’y découvre m’espante littéralement (du verbe espanter, forme francisée du verbe catalan « espantar » signifiant « effrayer, épouvanter », lui-même dérivé du latin vulgaire « expaventere/expavere » qui veut dire « redouter » ou « craindre » : de rien pour le cours accéléré d’étymologie).

L’exode espagnol est l’un des plus grands de l’histoire de l’Europe en terme d’immigration. Un demi-million de personnes, provenant de toute l’Espagne franchissent la frontière pour fuir la guerre et le fascisme. Un accueil discutable sous le gouvernement de Dalladier, des centaines de morts à cause des conditions de parcages intenables, des rapatriements forcés et des hommes envoyés à la guerre au nom de la France… plus tard : les immigrés en question deviennent des réfugiés politiques officiels. La suite de l’histoire, on la connait : je la porte au quotidien dans mon nom de famille, bien que nous soyons français de sol depuis trois générations. 

9 juin 2024. Mon cerveau est en surchauffe depuis le résultat des élections européennes et je décide instinctivement, comme un cocon, d’écouter à nouveau « L’Estaca ». J’ai les larmes aux yeux dès les premières notes. Ce chant, beaucoup en ignorent l’histoire et la signification. Il s’agit d’un hymne révolutionnaire qui dénonce et attaque le fascisme et l’oppression dont les catalans ont été victimes par les nationalistes. La métaphore du pieu a été réfléchie par Lluis Llach pour ne pas être censurée par le gouvernement franquiste de l’époque qui contrôle toute production culturelle qui irait à l’encontre de son idéologie. 

Si esterim tots, Ella caurà » = Si nous tirons tous, il tombera.

Au bout de quelques minutes, je réalise que mon empathie générale n’est peut-être pas la seule responsable de l’état émotionnel dans lequel je suis : la mémoire transgénérationelle y est probablement pour quelque chose. Ce concept psychogénéalogique de plus en plus connu des professionnels du secteur (et largement étudié) fait référence à la transmission d’émotions et de comportements hérités des ancêtres, connus ou non, découlant d’évènements marquants, voire traumatiques chez certains.

La mémoire transgénérationnelle a le pouvoir de faire ressentir des choses que nous n’avons pas forcément vécues, qu’on ne comprend pas et qu’il est difficile d’expliquer, dans notre présent. Bien que je ne connaisse pas en détail l’histoire de chacun de mes arrières grands-parents, je suis assez lucide pour savoir que chacun de leurs quatre noms de famille ne sont pas des noms bleu, blanc, rouge. La belle affaire. 

Météo politique : anxiogène. 

Je n’ai jamais aimé parler de politique. Je trouve le sujet forcément fâcheux et même si on m’a appris la tolérance et la divergence d’opinion, je sais aussi que ce n’est pas parce que j’arrive à en faire preuve, que c’est le cas de la personne en face.

Mes amis les plus proches ne partagent pas toutes mes idées mais ça n’a jamais été une raison de dispute. Selon moi, une orientation politique se construit par le biais de plusieurs choses : l’histoire familiale, l’éducation qui est faite dès le plus jeune âge et les valeurs que nous développons tout au long de notre vie. C’est la fusion de ces trois éléments qui nous rendra plus sensibles à différentes idéologies qu’à d’autres. Et la chance que j’ai actuellement, c’est que même si nos histoires et nos éducations diffèrent, nos valeurs ont un socle commun. Et ce socle commun, ce n’est absolument pas la haine et la peur de l’Autre, ce n’est pas l’ingratitude, ce n’est pas l’individualisme capitaliste. 

Quand j’ose vous dire plus haut « dis moi pour qui tu votes, et je te dirai qui tu es », ce n’est pas une science exacte mais une belle indication de vos idées et aspirations. On m’a toujours appris qu’il était normal dans notre société qu’il y ait une personne avec plus, et une personne avec moins que moi. Et que la manière dont je pourrais être heureuse en état de cause, réside dans le seul fait de ne pas développer de colère et de jalousie envers l’un ou l’autre. Mais plutôt une reconnaissance de ne pas avoir moins moi-même, et une volonté d’obtenir plus par le fruit de ma labeur et de mes décisions. Seulement voilà, je réalise à quel point j’ai été chanceuse d’être éduquée avec un libre arbitre, avec de la bienveillance, baignant dans une culture sans limite et l’ouverture d’esprit. J’ai été chanceuse d’avoir une histoire familiale pluri-culturelle qui m’amène à voir plus loin que le bout de mon nez. J’ai été chanceuse d’être attirée plus naturellement par la France des Lumières, que par celle de l’Obscurantisme. Et tout ça, en venant pourtant de la classe moyenne, et en grandissant dans un quartier blindé de logements sociaux sans pour autant que ce soit mon cas. Comme quoi hein… tout le monde n’est pas bon à se faire enfermé dans des clichés. 

Aujourd’hui j’assiste, démunie, à une guerre digitale qui me plonge dans un état empreint de perturbations émotionnelles. Je suis déchirée par ce que je lis au quotidien et par ce que je constate. Le pays des Droits de l’Homme vit des heures sombres, c’est certain. Les réseaux sociaux sont un instrument magnifique pour diffuser des informations manquantes au plus grand nombre mais il est aussi le terrain dramatique de données mensongères, qu’il est presque facile de donner à manger à la démagogie générale d’un certain parti politique. Vous savez quoi ? J’ai réalisé il y a quelque jours que depuis que j’ai un iPhone, je n’ai jamais utilisé une seule fois l’émoji du drapeau français. Et ça fait plus de dix ans. Il prône désormais partout, usé et poncé par des personnes dont il est le seul argument. Tristesse absolue quand on sait tout ce que l’on doit à l’Etranger en général dans notre quotidien : je vous passe l’histoire des chiffres, de l’eau potable et de la lumière électrique, mais savez-vous à qui nous devons les premiers hôpitaux, les premiers instruments chirurgicaux ou la brosse à dents ?

Ce qui me démunie le plus dans toute cette histoire, ce n’est pas autant la divergence d’opinion que j’accepte, et respecte (même si parfois c’est difficile, notamment via les gens qui se permettent d’être machistes et racistes). Ce qui me démunie le plus, c’est la glissade absolue vers l’Extrême, due à une génération qui hurle à la détresse. Elle souffre et cherche un sauveur pour s’extirper d’un quotidien où elle se débat, peut-être pas de la bonne manière d’ailleurs. La faille parfaite pour les beaux parleurs en quête de pouvoir me direz-vous, d’autant plus s’ils ont une super équipe de com’ sur Tiktok. 

J’en reviens alors à cette première séance de psychothérapie où j’ai utilisé la politique comme armure émotionnelle. Je crois que ce réflexe a peut-être un sens aujourd’hui. Il semble apparemment plus facile d’accuser l’autre et de s’ancrer dans un combat dirigé par d’autres personnes plutôt que d’affronter ses propres terreurs dans un miroir. Lourd travail de l’être humain que d’arrêter de blâmer autrui pour évoluer par lui-même. Peut-être est-il temps de faire jouer la loi de proximité et d’identifier où est réellement la faute de l’Autre (le voisin, la catégorie sociale supérieure, la Femme, l’homosexuel, l’étranger) dans la vie que nous avons choisi de mener pour donner un autre sens à l’individualisme, un sens plus positif qui permettrait d’avancer sans la haine, puisque nous sommes tous relativement égaux face aux figures du pouvoir de l’État (qui n’ont pas toujours fait les choses bien, on ne va pas se leurrer hein). Même si certains sont mieux lotis que d’autres, nous avons tous comme point commun d’être des êtres humains, cf l’Article 1 de la Déclaration des Droits de l’Homme. Il s’agirait de ne pas l’oublier.

Enfin, sachez que le but précis de cette newsletter, c’était d’extérioriser toutes les pensées qui me rongent depuis plusieurs jours et de proposer une appréhension différente, plus émotionnelle et humaine, du contexte actuel. Je ne cherche à convaincre personne, je me contente de faire ce que faisait les grands d’antan avant moi, ouvrir la réflexion. Et peu m’importe qui je perds ou j’irrite après la lecture de ces quelques lignes. 

Mais plus encore que de savoir qui opte pour quel parti, l’important, c’est d’être du bon côté de l’Histoire. Parce qu’il se pourrait qu’un jour, ce soit vous qui vous retrouviez du mauvais côté de la frontière. Et ce jour-là, vous ne pourrez pas pleurer lorsque les Lumières seront éteintes. 

la marge.

Par Laurie Planes

Les derniers articles publiés