Mon nez, mon poids, l’Amour et moi. (L’odyssée de l’Amour de soi.)

J’ai toujours eu envie de raconter cette histoire, car c’est une question qu’on me pose souvent. Et pendant longtemps, j’ai cru ne pas être sincère avec moi-même puisqu’il parait impensable de s’aimer soi, pour de vrai et en totalité. Spoiler alert : j’avais tout faux.

la marge.
10 min ⋅ 28/01/2024

L’envie d’aborder le sujet de l’amour de soi, je le dois à une femme incroyable. Une femme « studio ». Je ne connais officiellement Laurie Darmon que depuis juin 2022, date à laquelle nous nous sommes - physiquement et verbalement - rencontrées. Pourtant, j’ai ressenti une profonde similitude des êtres dès la première écoute de ses chansons, découvertes par hasard, durant l’été 2018. Je me souviens vibrer de tout mon être, par le corps et l’esprit sur le rythme et les paroles des morceaux que j’aimais écouter en boucle. On bai, Que tu te déhanches devant moi, Iles Grecques, Laisse moi t’aimer. Puis penser de celle qui porte le même prénom que moi : cette fille est puissante, libre, audacieuse, presque masculine dans son désir… Je ne suis pas toute seule. Et pourtant, j’étais très loin d’imaginer la quête et le monstre derrière ses grands yeux bleus, un monstre nommé anorexie mentale. 

« Corps à coeur » 

Elle ne mesure pas 1m70, Laurie. Et pourtant, c’est une grande dame qui se sert de sa lutte de plusieurs années comme d’un élan pour aider, réveiller, changer les moeurs. Pour la troisième année, elle présentera ce 29 janvier « Corps à Coeurs » aux Folies Bergère, un évènement où, entourée d’artistes en tous genres, elle prêchera sa bonne parole sur l’importance de l’amour de soi. Autrement dit, se servir de la lumière dont ils bénéficient pour éclairer les autres. Merveilleux. Mais pour cette nouvelle édition, elle est allée encore plus loin et a, comme j’aime à le dire, utiliser ses mots pour raconter ses maux… et ceux des autres. Un livre, édifiant et intime, où elle définit la notion de contours et d’espace, sans - peut-être - réaliser que c’est ceux de son coeur qu’elle y dessine et où elle nous invite à entrer. Elle est l’un des visages du courage et m’a renvoyée, malgré elle, à une question que je me suis longtemps posée : la corrélation entre la beauté et l’amour, où paradoxalement la rencontre des deux ne se fait que très rarement au creux de la même personne. Pourtant, à l’instant où j’écris ces mots, j’essaie de trouver une personne de mon entourage, que j’aime et chez qui je ne trouve aucune beauté. La réponse est simple : il n’y en a pas. A-t-on déjà trouvé quelque chose de beau sans l’aimer, ne serait-ce qu’un petit peu ? Affaire de goût, ou affaire de sentiments ? Quand j’étais petite, ma mère m’a appris qu’on ne devait pas dire de quelque chose « C’est moche », qu’il fallait plutôt dire « je n’aime pas ». Vous me voyez venir ? J’espère que oui. 

De façon générale, il parait que c’est plus facile d’aimer les autres. Je suis d’accord, ça demande moins d’efforts. Mais je reste convaincue qu’on ne peut pas se laisser aimer correctement par l’Autre, si on ne s’aime pas soi-même. La paix intérieure n’a pas sa place de parking, quand on ne s’aime pas. Il m’est arrivé, au cours de l’année dernière, de ressentir une surprise quand, lors de discussions anodines avec des amies très proches, je les ai entendues préciser qu’elles n’avaient pas confiance en elles, l’air penaud ou d’une manière bien trop furtive. On en parle si peu entre nous, finalement. Les femmes veulent tant être plus fortes - et elles le sont - que j’ai la nette impression qu’avouer cette faiblesse devient presque tabou. Est-ce tendre le bâton ? Ouvrir la brèche ? Donner à l’Autre le pouvoir de faire mal ? Je ne compte plus les fois où l’on m’a conseillé « Fake it until you’ll make it ». Non merci, je fake rien du tout en ce qui me concerne. Moi ? Je m’aime. D’un amour absolument inconditionnel. Si ça a toujours été le cas ? Bien sûr que non. En revanche, il y a eu un moment de ma vie où c’est devenu une priorité, où c’est devenu foncièrement vital. Sinon je ne serais jamais devenue la personne en train de vous écrire ces mots aujourd’hui. Et ça aurait été dommage, enfin je crois. 

Mai 2009 - Février 2011

J’ai dix-sept ans et je suis follement amoureuse depuis six mois. C’est la première fois que je vis une histoire d’amour et j’en fais évoluer la définition dans l’inconnu. Je ne me pose pas de questions sur mon apparence physique. Pourtant, à cet âge-là, j’ai des complexes. Je ne suis pas grosse, mais je ne suis pas aussi mince que ce qui paraît être la bonne silhouette. J’ai un nez, aussi. Vous me direz « encore heureux, tu ne pourrais pas respirer sinon ». Mais par là j’entends, j’ai un nez… qui n’est pas en trompette, qui n’est pas droit, qui roule sa bosse. Un peu comme moi au milieu des rires moqueurs finalement. Est-ce que j’y fais attention ? Plus vraiment depuis que je pense être aimée par ce garçon. Seuls ses yeux et son avis comptent à cette période de ma vie. Mais un jour ensoleillé de mai 2009, en plein cours de mathématiques, survient la fin de mon monde. Il me quitte par message prétextant qu’il n’est « en fait » pas amoureux de moi. Je suis déchirée entre l’envie de rester droite par colère et égo, et celle de m’effondrer en suppliant, par amour.

Les jours qui suivent cette annonce, je n’ai plus le goût à rien. J’ai la nausée dès le réveil. Il m’est même arrivé de vomir, le ventre vide. Allez savoir comment c’était possible même si je reste persuadée que ce sont la tristesse et la colère en moi qui ne demandaient qu’à sortir, d’une manière ou d’une autre. Je pleure souvent quand je suis seule, je me nourris de façon totalement approximative. Je picole un peu. Je marche, beaucoup. Et puis, en un claquement de doigts, je perds huit kilos, sans m’en rendre compte. Ce sont les autres qui me le font remarquer. « Laurie, t’as vachement maigri, c’est fou » sur un ton qui appelle le bravo. Je pèse 57 kilos, j’ai perdu la quasi-totalité de ma poitrine, je réalise que je flotte dans tous mes vêtements. Et j’en ai strictement rien à foutre. Nous sommes en juin, et je suis anesthésiée de tout, je ne pense qu’à lui. Et la délivrance finit par arriver, puisqu’au bout de quelques semaines, il me revient. Pas comme je le souhaiterais, en cachette, pour la chair. Mais ça me suffit, c’est tout ce dont mon corps et mon coeur, indissociables face à la personne que j’aime, avaient besoin. L’Amour est un sentiment, mais il est également une action. Il se répand du corps au coeur, d’une personne à l’autre, en se faisant. L’empreinte est posée sur la peau et j’arrache la victoire. Nous nous remettons ensemble aux yeux de tous à la fin de l’été et mon coeur bat à nouveau.

S’ensuit des mois et des années, où l’amour est censé être là. Je ne me pose toujours pas la question du corps. Tout me semble limpide : si je suis aimée par lui, je mérite d’être aimée, tout va bien. Ce n’était pourtant pas une personne attentionnée et démonstrative qui travaillait à me faire me sentir bien dans ma peau, mais ça n’a pas d’impact considérable sur mon appréhension de moi-même. Puis, février 2011. C’est à nouveau fini, et pour de bon cette fois. Je mets des jours à réaliser la chose même si la moi d’aujourd’hui aurait vu venir l’issue de cette relation, les yeux fermés, dans le noir le plus obscur. Pas de vomissement, ni de perte de poids. Mais une douleur sourde qui hurle si fort qu’elle éteint absolument tout ce que j’ai pu être durant les 19 premières années de ma vie. Avec le recul, je peux dire que je suis morte une première fois à cette époque-là. Rien ne sera plus jamais pareil, je ne serai plus jamais pareille. Je ne déconstruis rien. J’ai tout cassé à coup de boule de démolition, et je reconstruis ce que je peux, en béton armé. Armée, jusqu’aux dents, et armée jusqu’au coeur, qui est en miettes, elles-mêmes délicatement rangées dans une petite boîte que je m’empresse de planquer dans un coffre fort métaphorique. S’il n’y a plus de coeur, il reste le corps. Que j’utilise pour évacuer la haine, la frustration, l’injustice. Il recherche son pouvoir en permanence car il semble incassable, lui. Mon âme est éteinte mais le brasier intérieur est toujours là. Tout comme Laurie le décrit dans son livre, il y a cette sensation d’armure, de froideur qui n’appelle aucune vie bien que je sois toujours en formes. C’est durant cette période de ma vie que le masculin l’emporte sur le féminin. Tout me semble plus simple, rapide et efficace. Le coeur ne dit plus rien, seuls le cerveau et le corps dictent leur loi. Le genre d’homme alpha, comme je les abhorre pourtant aujourd’hui. 

Dix-neufs mois où la petite fille en moi hurle à plein poumons avec cette réflexion naturellement féminine implantée par la société depuis la nuit des temps : « si tu veux réparer ton coeur, il faut qu’un autre garçon t’aime à nouveau. C’est comme ça qu’on oublie la douleur. Si quelqu’un t’aime, tout va bien ». Je refuse tout en le faisant malgré moi. Des dizaines de mecs plus tard et leur intérêt/colle bon marché n’ont jamais rien pu faire pour cet organe qui ne battait plus. 

Septembre 2012 - Septembre 2014

Je suis amoureuse, encore. Sauf que cette fois-ci, je ne l’ai pas vu venir. Les débuts de l’histoire ont été d’une violence extrême. L’amour vache, comme dans les films. Une notion toxique qu’il s’agirait de ne plus jamais valoriser pour le bien de notre santé mentale. Dès les premiers instants, on s’est détesté. Il ne faisait qu’agresser mon estime de moi, dont je n’avais toujours aucune conscience précise, en critiquant ce nez qui n’avait toujours rien demandé. Et pourtant, il a fini par avouer un jour que tout ce qu’il recherchait en faisant ça, c’était mon intérêt. C’est un peu ce qu’on apprend aux petites filles dès la plus jeune enfance : si un garçon t’embête, c’est qu’il t’aime bien. Fichue connerie alambiquée. Toujours est-il qu’en laissant tomber son masque de gros abruti, j’ai appris à connaître un garçon intéressant, doux, et drôle. Complètement cassé lui aussi, mais ça je le comprendrais trop tard. Les papillons ne sont pas restés longtemps dans cette relation et très vite le rapport de force s’installe, créant un terrain de jeu malsain pour nos deux âmes cabossées. Ce sont nos corps que l’on marque à vif, sans jamais les valoriser ouvertement. Si j’avais été jalouse par le passé, j’ai très rapidement appris à ne plus l’être. Le susdit s’amusait effectivement à me faire sortir de mes gonds chaque semaine en tentant de me mettre en concurrence avec d’autres filles, espérant nourrir mes insécurités. Ça a failli marcher. Mais je les ai bien trop observées, ces filles. Elles n’avaient pas demandé à être coincées dans notre guerre stupide. Elles étaient différentes de ce que j’étais. Parfois plus minces, parfois plus grandes, parfois plus brunes. L’anesthésie à cette pratique est apparue très rapidement lorsque j’ai compris que me comparer à elles, c’était automatiquement tenter de définir ma propre valeur. Et j’en étais incapable. Ni en bien, ni en mal. Je savais juste qu’elles ne me ressemblaient pas et que je n’y pouvais rien. Loin encore de comprendre le pouvoir de l’unicité, je savais déjà qu’il était impossible de désirer pour soi, ce qui avait été donné à quelqu’un d’autre. J’aimais ce garçon, d’une manière plus intense que le précédent car je connaissais la puissance de mes sentiments tout en ayant conscience que je devais me protéger. Et pourtant, je ne ressentais pas l’amour dans ses yeux, je le sentais dans ses mains et dans les courts instants de paradis où le corps n’est plus objet mais acteur des émotions. Des années plus tard, j’ai compris que je ne méritais pas certaines paroles, toujours dénigrantes à l’égard de ce qui est palpable. Je n’étais pas « jolie », ou « bien foutue » mais j’étais « charismatique » et ça « faisait le taf ». Bah voyons. 

Septembre 2014 - Juillet 2018

Je quitte mon cursus universitaire loupé, je quitte le garçon. Je change de vie. Paris. La différence de rythme de vie finit par avoir - très rapidement - raison de ma taille 40. Aujourd’hui, je repense souvent à l’instant où j’ai réalisé que je m’étais affinée. J’essayais un jean chez Zara dans lequel j’ai glissé avec une facilité incroyable. Taille 38. Puis les cris de joie destinés à mon amie. Je crois que je considérais ça comme une victoire puisque ce n’était pas arrivé depuis des années. Le point que je soulève ici, c’est que même s’il ne s’agissait pas d’une obsession nette, j’avais choisi le camp de celles qui ont une idée précise de ce que doivent être leurs propres contours. Enfin, c’était le début. À cette époque-là, mon coeur est loin d’être réparé même si je suis persuadée du contraire. Et face à l’absence d’animations sentimentales, quelque chose commence à me sauter furieusement aux yeux : mon corps. Il devient vite le point noir de cette nouvelle vie. L’habitude du rythme de la capitale étant actée, les kilos n’ont pas tardé à repointer le bout de leur nez. Et moi, qui avais toujours pratiqué des sports depuis la tendre enfance sans considérer que c’en était, je décide de souscrire un abonnement dans une salle de sport dans l’unique but de modeler ce corps qui ne me convient pas. Ce genre de pratique souvent valorisée par la société me sort aujourd’hui par les yeux même si ce n’est que mon humble avis : l’activité physique saine ne devrait avoir pour but que lui faire du bien, à l’intérieur, au lieu de le marteler de l’extérieur. Mais ça évidemment, c’est la moi d’aujourd’hui qui le concède. Je me force à manger des choses pas franchement sexy, je fais attention à tout. Non pas pour moi, mais pour répondre à des normes subtilement imposées que je crois facilitant l’arrivée de quelqu’un qui m’aimera et in fine, me réparera. Je suis malheureuse mais obsédée dans mon coin. Je n’ai jamais été du genre à m’étendre sur ce que je n’aimais pas chez moi devant les autres, pratique agaçante en quête de reconnaissance verbale que je trouve insupportable. Alors, c’est mon secret. Mais comme tout ce que l’on refoule, la sortie de secours qu’emprunte mon mal-être est alcoolisée et je transpire de plus en plus la colère et la frustration. Je me sens moins bien que mes copines, je ne suis jamais satisfaite de l’image dans le miroir et j’accepte les compliments que je n’écoute pas vraiment, à demi-mot. 

Juillet 2018

Le mal-être a totalement pris possession de moi et il se manifeste de plus en plus régulièrement de manière ciblée : j’ai souvent bien trop bu quand il prend la parole et ce sont les gens que j’aime qui trinquent le plus. Je suis colère, je suis injustice et je recherche l’attention en permanence. C’est donc tout naturellement l’effet inverse qui se produit. Goutte (bouteille ?) de trop, l’ultimatum est posé sur la table : soit je vais me faire aider, soit les personnes qui me sont chères finiront par s’éloigner. Ma carapace ayant sept bonnes années d’existence, je décide de m’orienter vers une thérapie EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing que l'on peut traduire par « Désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires »). Pour simplifier : c’est un type de thérapie semblable à un hypnose léger qui vise à laisser sortir les émotions de leur zone cérébrale de confort qui se trouve, je vous le donne en mille, juste derrière les yeux. Durant la première séance, je ne sais pas trop ce que je fais dans ce cabinet, mais je sais que je veux en découdre avec ce qui me semble faire plus de mal aux autres, qu’à moi-même. La thérapeute me pose une question à l’importance capitale « Pourquoi êtes-vous venue me voir ? Quelle est la problématique dont vous souhaitez guérir ? ». Silence radio puisque cette fois-ci, ce sont les contours de mon mal-être que je suis incapable de définir. Je lui décris alors les différentes situations qui ont posé problème, la manière dont mon esprit s’active et on finit par verbaliser - ensemble - ce qui ne convient pas. L’énoncé de mon problème était d’une incroyable violence : « je suis incapable d’être aimée par un homme, donc je n’ai pas de valeur ». C’est la seule confidence précise que je vous ferai sur cette thérapie qui a duré plus d’un an, où nous avons décortiqué chaque souvenir, chaque action et chaque parole qui avait nourri cette croyance intime qui me pourrissait la vie. Tout s’est ensuite très vite accéléré dans ma tête. La corrélation logique entre l’image que j’avais de moi-même et la notion d’Amour que je pensais devoir être apportée par quelqu’un d’autre. C’est à cette époque de ma vie que j’ai compris quelque chose de crucial : la seule personne capable de réparer mon coeur, c’était moi-même. Je ne me quitterai jamais, moi. Je prendrais soin de moi tous les jours. L’Amour des autres, c’est un plus dans une vie, c’est un cadeau : ça ne doit certainement pas être le socle de votre personne toute entière. 

Mise à nue. 

Les années ont passé et je peux parler de tout ça sans gène et sans pudeur. La pudeur, c’est le malaise de la mise à nue. Moi ? Je ne suis (métaphoriquement) plus jamais couverte. 

Lorsque j’ai compris ce dont mon coeur et mon corps avaient besoin pour les autoriser à prendre la place qui leur était due, je me suis forcée à faire certaines choses qui n’ont pas toujours été faciles. Déjà, j’ai totalement arrêté de vouloir faire rentrer mon corps dans le tissu, et j’ai appris à utiliser le tissu pour recouvrir le corps, que je veux toujours à l’aise dans son mouvement. Je ne pratique le sport que lorsque j’en ressens le besoin énergétique. Je mange équilibré et n’impose rien à mon appétit. Le ventre aussi communique avec le coeur, c’est pourquoi j’ai décidé de leur foutre la paix la plus totale. 

Enfin et surtout, j’ai passé des heures et des heures passées à me regarder dans le miroir. On a tendance à penser que c’est une démarche narcissique alors qu’elle peut se trouver être incroyablement salvatrice. J’ai appris à observer mes traits, l’expression de mes yeux, chaque courbe de mon corps, qu’elle soit belle ou discutable. Je l’ai regardé bouger, en silence ou en musique. Sans jugement. Puis, j’ai fait la même chose avec mon visage. J’ai souri, puis j’ai pleuré. Profil gauche, profil droit. Et ce nez, qui ne me semblait plus si montagne que ça. J’ai voulu apprendre à me regarder avec d’autres yeux que les miens, des yeux qui ne sont pas motivés par l’inquisition. Et ce que j’ai fini par y voir, c’est quelque chose dont je ne vous ai pas parlé depuis le début de cette newsletter. Ce que j’ai fini par y voir, c’est mon âme. 

C’est une sensation très bizarre lorsque ça arrive. On y voit les émotions, les sentiments, les souvenirs, les épreuves. Je me suis d’ailleurs amusée à retrouver des photos de moi, de différentes périodes et je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer, qu’avec un physique similaire… les traits, les postures, les regards n’étaient jamais identiques. Immortalisés dans l’immobilité photographique, j’y ai revu chacune des versions de moi qui ont contribué à construire la personne que je suis enfin devenue. 

Le but de cette newsletter est multiple. Je rêve d’un monde où l’Amour de soi n’est pas rangé dans la même case que la prétention. Il n’a pas besoin d’en faire des caisses, il n’a plus rien à prouver, cet amour-là. Ne pensez pas qu’avoir confiance en soi, c’est se trouver incroyable en permanence, ou au dessus des autres. Avoir confiance en soi, c’est apprendre à voir quand ce n’est pas le cas et ne pas s’en accuser. N’allez pas croire que je n’ai plus jamais l’air fatigué, ou boudiné dans une robe inadaptée à ma morphologie et que je l’ignore. Je l’accepte et ça ne m’impacte plus, c’est tout. C’est moi dans ce miroir, et ce sera moi tout au long de ma vie. Alors, autant aimer le temps passé ensemble, vous ne croyez pas ? Et surtout, ne plus jamais donner le pouvoir à une autre personne de définir votre valeur. 

la marge.

Par Laurie Planes

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