Puisqu’il n’y a pas que tes allergies, la déclaration d’imposition et le printemps qui reviennent chaque année, j’ai décidé de poser un petit mot sur un phénomène qui se produit généralement de façon totalement aléatoire : pire qu’un spam dans ta boite email, aujourd’hui on va parler de ton ex qui arrive en ventre-glisse dans tes DM.
Il est vrai que le sujet des exs a toujours été un de mes préférés : non pas parce que j’adore barboter dans mon passé, mais plutôt parce que chaque fois que j’ose y faire un petit ‘plouf’, je constate toujours une évolution flagrante de ma personne. Les années passent et on ne se ressemble plus. L’idée de cette newsletter #4 m’est venue grâce à l’intervention inattendue de trois de mes exs, lors de ces trois derniers mois. Même pour moi, ça fait beaucoup. Généralement, il y en a un par-ci, par-là, d’une année à l’autre. Mais là, je suis tombée sur un embouteillage de souvenirs qui m’a littéralement amenée à une réflexion un peu plus poussée. J’ai beaucoup changé au cours de cette dernière année, et j’en suis totalement satisfaite. En cause ? Plusieurs raisons qui convergent toutes vers la personne que je suis amenée à - enfin - devenir. J’avoue sans honte que si cet épisode de come-back à la chaine était arrivé plus tôt, je n’aurais pas réussi cet examen de conscience.
La semaine dernière, j’ai lu la newsletter de la consoeur Vava qui disait « Un jour, ton ex se mariera et tu sais quoi ? Tant mieux ». Elle y affirmait que « se réjouir du bonheur de ceux qui ont partagé nos vies », c’était grandir de la meilleure des façons. Je ne la contredirai pas, tant ses paroles sont sages et puissantes. Ceci dit, moi j’ai mon Ex (la majuscule, t’as capté), qui va bel et bien se marier, et le fait qu’il se jette en ventre-glisse dans mes dm il n’y a pas plus tard que deux semaines, ça m’a tout de même fait une drôle d’impression. Si l’évènement avait été isolé, j’aurais pu ne pas en parler ici. SAUF QUE… deux mois plus tôt c’est un autre fantôme qui a pop-up sur mon écran de téléphone. Un que j’avais totalement occulté, bien qu’il ait un peu compté (oupsie). Et pour finir, j’ai eu droit à une déclaration, en tout bien tout honneur, de mon ex le plus gentil le mois dernier. Bon lui, il tombe dans mes dm régulièrement, c’est resté un ami qui me tient à coeur et c’est bien le seul qui a eu ce traitement de faveur. Les mecs gentils sont méritants, y’a pas de débat.
Il faut préciser également que je n’ai jamais été dans la team « les ex, c’est a kind of ravaler son vomi ». J’ai toujours cru qu’ils méritaient une deuxième - ou une troisième, quatrième, cinquième…- chance tant que toi tu n’a pas retenu la leçon que la vie voulait te donner en les envoyant sur ton chemin. Autour de moi, j’ai même des personnes qui ont eu une happy ending de folie en prenant le risque. Et quand je parle de folie, c’est vraiment de FOLIE, comme dans les films, et tout et tout… Alors, en vrai, il n’y a pas de règles prédéfinies avec ces situations, parce qu’en suivre par peur de souffrir, c’est aussi fermer la porte à de belles histoires ou des enseignements indispensables. Et si tu souffres encore, c’est que tu vas finir par cicatriser. Vous connaissez le processus : si ça gratte, c’est que ça guérit. Oui, je viens de comparer ton ex à une croûte et je suis sûre que tu adores l’idée.
Enfile mes Birkenstock à moumoute deux secondes et dis-toi bien que pour ce retour d’acide-là, je n’étais absolument pas prête. L’énergumène en question avait totalement été évacué de mon cerveau par la grande porte depuis 2019. Mais un soir d’été, il a fait une entrée remarquée sur l’écran de mon téléphone comme une amende indésirable d’excès de vitesse sur ta voiture de loc’ de vacances dans ta boite aux lettres, à la rentrée. « On s’était dit rendez-vous dans 10 ans, même jour, même heure, pas même appli ». Le cu-lot.
À lire ce message, on pourrait presque croire que l’on s’est quittés en bons termes. Spoiler alert : absolument pas. H est probablement le seul parisien qui a retenu mon attention plus de 17 secondes et il semblait tout à fait équilibré, ce que bien évidemment, il n’était pas. Tu vois ce mec trop cute qui fait germer en toi la graine de quelque chose de meilleur pour ensuite oublier d’arroser le tout ? C’est tout lui. Six mois de vie perdus, un nombre incalculable de questions sans réponses jusqu’à une embrouille dénuée d’intérêt et d’arguments recevables. Ça a fini comme ça a commencé : en ligne. Je ne vais pas mentir, je l’aimais bien. Donc quand la désillusion m’a attrapée par la gorge, j’ai quand même été un petit peu impactée. Mes amis l’ont insulté de tous les noms en le maudissant sur plusieurs générations : preuve qu’il fait officiellement partie de la catégorie de mes exs. Mais avec le recul, il n’était pas important au point que j’y repense les années suivantes. Je ne pouvais pas ressentir autre chose que de l’incrédulité face à ce come-back désespéré. Mais comme je l’ai dit plus haut, je suis du genre à laisser les chances dont j’ai besoin pour désamorcer les micro-traumas. J’ai donc répondu.
Méfiante au départ, j’ai constaté que l’animal avait probablement une mémoire sélective puisqu’il s’est mis à reparler du passé comme de quelque chose de génial. À croire que nous n’avions pas vécu la même histoire. Et c’est à ce moment précis que je me suis demandée si le cerveau masculin fonctionnait réellement avec un système de tri aussi performant que celui de la mairie de Paris. C’était incroyable de voir avec quelle facilité il communiquait et agissait comme s’il ne m’avait jamais malmenée ou manquée de respect. Le tracteur de la vie ne lui a peut-être pas roulé assez fort dessus. Alors oui, j’avoue. J’ai fini par me détendre et prendre part à une conversation à base de « tu deviens quoi ? » Ou « t’es toujours dans cet arrondissement ? » . J’ai également rappelé son souvenir à certains de mes proches qui ont autant peiné que moi à se rappeler de lui. Mais monsieur Ego en bandoulière + « Maman a dit que j’étais parfait » ne m’inspirait toujours pas confiance. Et malgré ses supplications de me voir me décrisper, devine qui avait raison ?
Une semaine. C’est le temps que ça a pris pour qu’il ressorte de ma vie aussi rapidement qu’il y était revenu. La vérité, c’est que j’aurais aimé avoir tort mais l’enseignement que j’ai tiré de la situation est le suivant : j’aurais très bien pu me laisser envahir par l’envie de venger ma frustration de l’époque ou retomber dans mes travers. Les histoires en suspend, ça a toujours été ma pire tannée. Mais la vérité, c’est que j’ai réalisé très vite qu’il n’était pas intéressant, ni pour la moi actuelle, ni pour la moi d’avant. Alors j’ai laissé cette histoire partir de façon plus paisible que la première fois. Autrement dit, je suis heureuse qu’il soit revenu pour mieux repartir. Hasta la vista, baby.
Je vais être honnête, je ne me suis pas souvent dirigée vers des mecs biens. Et quand c’est arrivé, je me suis lassée assez vite, sabotant l’histoire moi-même pour je ne sais quelle raison. Mais s’il y en a un qui était bien trop respectable et respectueux, c’est B. Les personnes exceptionnelles, j’aime les collectionner et les garder tout près de moi. Cependant, ça n’a pas été une mince affaire dans cette situation précise car je me suis longtemps sentie coupable de l’avoir laissé de côté. Comprend bien qu’à l’époque de cette histoire, j’ai été un poil effrayée par sa dévotion et son admiration à mon égard. Je n’ai jamais compris la manière dont il me voyait et c’était inconfortable. J’ai donc tout arrêté à l’instant où j’ai compris que ce ne serait pas réciproque. Le truc c’est que j’étais très loin de m’en foutre. Au contraire ! Mais je savais qu’il fallait que je lui laisse le temps de comprendre et de guérir, avant de pouvoir être proche de lui, d’une manière totalement différente. Puis je me suis lancée prudemment jusqu’à être assez fière de le compter parmi mes proches au moment où j’écris cette newsletter.
En revanche, cette amitié mixte ne pourra jamais être semblable aux autres que je peux avoir, dans la mesure où nous avons partagé une intimité quelques temps. J’imagine que ça flottera toujours d’une manière ou d’une autre au dessus de nos têtes. Et bien que l’on puisse avoir de profondes conversations régulièrement, je ne sais pas comment, ce jour de septembre, on en est arrivés à un message qui m’a profondément secouée : « T’es probablement la meilleure chose qui me soit arrivée ». AH (à la Denis Brogniart). Comment est-ce qu’on est censé réagir devant une phrase tout droit sortie d’une comédie romantique visionnée beaucoup trop de fois ? S’en est suivi une conversation dont la finalité a été libératrice car elle m’a permise d’atteindre le pardon que je me devais. J’avais déjà le sien depuis longtemps mais je crois qu’au fond de moi, il y a toujours eu cette petite voix qui murmurait que j’avais fait - inconsciemment - du mal à une personne qui ne le méritait pas. Mais, de la même manière, que je tire des leçons de ceux qui m’ont blessée, il m’a fait comprendre, le temps de quelques jolies phrases que parfois, les blessures sont plus bénéfiques que destructrices. Elles nous permettent de passer au niveau supérieur de notre évolution programmée. Et si je n’avais aucun doute de cette vérité sur mon propre cas, je n’avais pas eu la lucidité de croire que c’était également valable dans l’autre sens. Pour cette raison évidente, il est mon herpès préféré de tous. Si, quelques années plus tôt, nous n’avons pas été capables de déceler le meilleur l’un chez l’autre, ou en chacun de nous-mêmes, aujourd’hui c’est le cas. Inutile de préciser que je suis d’autant plus satisfaite de le compter parmi mes potes, le mode opératoire le plus infaillible à ce jour pour m’assurer qu’une personne restera longtemps dans ma vie.
Je crois que chacun d’entre nous possède son propre ‘ex majuscule’. Tu sais, cette personne qui n’est ni ton premier amour, ni ton dernier mais qui a compté pour toute une vie tant son passage a marqué la personne que tu es. Le mien, c’est A. De 2011 à 2020, il a contribué à la pire télé novela de ma vie sentimentale, le cliché absolu de la relation toxique telle qu’on pouvait les aimer dans notre vingtaine, un genre de Chuck et Blair de Wish, luttant à qui fera le plus de mal à l’autre. À l’époque, j’avais l’habitude de dire que « l’alchimie ne se permet aucune concurrence ». Inutile de te préciser que j’étais très fière de ma citation de poétesse torturée alors que tout ce dont j’avais besoin de façon évidente, c’était d’une thérapie. C’est à ses côtés que j’ai aimé le plus fort, et surtout, le plus mal.
Je dois le confesser, j’ai toujours cru que je l’aimerais toute ma vie. Et c’est peut-être vrai d’une manière différente et lointaine, mais le jour où j’ai été libérée de cette histoire, je n’ai plus jamais fait demi-tour. C’est souvent comme ça avec les personnes qui aiment très fort : si elles partent, c’est que généralement, elles ont tout donné. Aucune haine, aucune rancoeur, aucune toxicité : tout ce que je pouvais lui souhaiter, c’était de rencontrer quelqu’un qui l’apaise et qui lui permette de construire quelque chose que je n’aurais jamais pu lui donner tant nous avions la fâcheuse habitude de réveiller les pires versions de nous-mêmes. Et c’est ce qui a fini par arriver. J’étais sincèrement heureuse pour lui, de loin. Je pensais l’affaire absolument réglée quand au milieu d’une nuit d’octobre, il a eu l’envie soudaine de remuer le passé. « J’ai l’impression que l’histoire n’est pas bouclée ».
Si à une époque, j’aurais été flattée et complètement satisfaite de voir qu’il finissait toujours par revenir vers moi, cette fois-ci, je suis restée de marbre malgré toute l’affection que je lui porte à ce jour. Il était bien entendu dans un état second mais ce n’était pas la seule raison pour laquelle on n’était plus sur la même longueur d’ondes. Il souhaitait que tout me manque autant que ça lui manquait à cet instant précis. Je me suis sentie comme un Superman sur lequel la cryptonite n’a plus d’effet et crois-moi, quand une faiblesse habituelle finit par ne plus en être une, ça fait tout drôle. C’est probablement la meilleure chose qu’il pouvait faire pour moi : me faire comprendre à quel point j’avais évolué depuis nous. Plus rien ne me semblait normal ou pardonnable. Un immense fossé s’est creusé et je n’aurais pas pu le réaliser si fort s’il n’avait pas tenté de me jeter dedans. Il m’a fait comprendre que je n’étais assurément plus la même personne, que je ne voulais plus les mêmes choses, que je ne flanchais plus pour certains détails et que je méritais bien mieux que tout ce qu’il avait à m’offrir. Libérée une fois de plus de certains poids du passé, le matin suivant m’a paru sincèrement plus lumineux. Et c’est parce qu’il est celui qui a eu le plus d’impact sur ma façon d’aimer, que mon coeur a paru bien plus guéri qu’il ne l’avait jamais été.
Bref, trois mecs, trois histoires qui n’ont rien à voir, et trois réactions différentes de ma part. Et pourtant, une seule conclusion : j’ai enfin appris la leçon que je refusais de ne serait-ce que lire jusqu’à présent : c’est ok si le passé frappe à ta porte, offre lui même un petit café s’il en a envie mais certainement pas une coloc’ dans ton esprit.
Me connaissant, j’aurais largement eu de quoi être perturbée de toutes ces interventions. Et pourtant, elle m’ont fait comprendre qu’il était inutile de diaboliser nos exs. La vérité, c’est qu’après un certain temps, ils font même partie de notre ADN. D’échecs en enseignements, ils nous guident vers ce qu’il y a de meilleur en nous, et de meilleur pour nous. Alors oui, ils reviennent avec parfois des intentions pas très respectables, mais ils ne feront que se confronter à la version de toi qu’ils ont créée malgré eux. Fais simplement en sorte qu’elle soit la meilleure possible.
PS : je te laisse, je dois gérer le 4ème poltergeist de ma fin d’année (non, ce n’est pas une blague).